Volnay-Champans 1990 et 1991 - Jean-Philippe Fichet

Publié le par Patrick Essa

  J'ai toujours eu un faible pour ce cru qui allie puissance de texture à finesse aromatique et qui surtout est capable d'une longévité hors du commun. Sans doute est-il même le cru de la Côte de Beaune ayant le plus grand potentiel de garde avec les Rugiens de Pommard, les Renardes de Corton et le Santenots du Milieu de Meursault. J'ai  eu l'occasion de déguster des millésimes plus que centenaires et d'ainsi pouvoir juger de la qualité des incroyables 1929, 1934, 1947 ou en 1959 et, 1962 et 1964 et depuis ces dates il m'a été possible de déguster ce cru chez plusieurs producteurs dans tous les millésimes. De Jean-Philippe Fichet à Joseph Voillot, Lafon, Jacques Prieur en passant par d'Angerville ou encore Pierre et Jean-Marie Bouzereau. A chaque fois la rencontre avec ce cru est unique, au sens où le finage est régulièrement présent sur une définition précise et permanente. Cette régularité de forme est même ce qui positionne à mon sens ce cru comme l'égal des Soixantes Ouvrées ou du Milieu des Santenots avec un "je ne sais quoi" de puissance en plus.

 

   Comme ses pairs le climat est situé sur un milieu de pente bien abrité des vents qui regarde le levant. Son substrat marno-calcaire marqué par l'oolithe ferrugineuse repose sur la dalle nacrée. En Champans la partie jurassique moyenne qui marquait la Côte de nuits resurgit pour se prolonger en Caillerets et Santenots et ce fait géologique éloigne nettement le cru de ses cousins de Pommard, il puise une énergie tellurique sidérante dans la complexité de ses couches géologiques qui ressemblent fort au Saint Georges de Nuits avec toutefois un sol un peu plus maigre, moins directement marqué par l'argile.

  Très homogène le cru forme un rectangle qui est encadré par le Caillerets au sud, La Carelle au nord et Clos des Chênes et Taillepieds au couchant. Sa pente d'abord assez douce en partie basse s'élève nettement à partir du milieu du cru mais cela ne "type "guère le cru en constituant des sous zones car de nombreux propriétaires disposent de parcelles qui coupent le coteau dans le sens de la longueur. Le domaine Voillot possède ici un hectare qui termine le cru au nord contre le village tout contre la Chapelle du bas de Volnay. Cette zone est un peu moins pentue dans le sens Est-Ouest et est marquée par un léger replat en son milieu. De ce fait les raisins puisent à cet endroit une formidable énergie solaire qui densifie encore la matière.

   Le 1991 du domaine Fichet s'est présenté avec la classe d'un grand dans le millésime qui ne l'est pas. Très joliment robé avec des reflets désormais acajous et une turbidité assez élevée - dépot dans l'épaule de la bouteill - mais encore "en vie". Nez sanguin, terrien ensuité à l'aération et très "ferrugineux. La bouche est puisante, encore tannique et d'une longueur sur les fruits noirs magistrales...La classe! Excellent!

  Le 1990 comme décrit plus haut est un vin parfait qui semble ne pas avoir pris une ride. Couleur juvénile, très sombre, nez intense sur les épices et la mûre mais aussi une touche de "chocolat amer" et bouche ample, longue et d'une rare complexitée. Un granbd vin de race. Hors classe aujourd'hui.

 

Publié dans Côte de Beaune Rouge

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