Climat Grand Cru : Montrachet à Chassagne et Puligny

Publié le par Patrick Essa

 

  Le grand cru Montrachet produit certains des plus grands vins blancs secs de Bourgogne et est sans doute celui qui de nos jours se vend le plus cher, tant sa petite surface est courtisée par les vignerons pour sa réputation multi-séculaire. Les bourguignons l'ont toujours placé un cran au dessus de leurs autres crus blancs  en le désignant un peu comme le grand cru A de Côte d'Or, sa valeur étalon en quelque sorte.

  Cependant boire un Montrachet à maturité est devenu une gageure car les quelques 30.000 bouteilles annuelles produites sont toutes quasiment réservées à l'avance par des buveurs qui ne partagent pas toujours leur fortune avec une fine connaissance des blancs de la région et de leur potentiel d'évolution. Objet de luxe destiné à accompagner des repas prestigieux, il glisse fréquemment dans des gosiers peu attentifs ou alors en admiration "par avance".Dommage.

   Les quelques exemplaires que j'ai en cave sont toujours ouverts après un prélude qui mêle deux finages et qui se poursuit par d'autres grands crus. Je crois qu'il est important de percevoir le carcatère vineux évident de ce cru si éloigné des archétypes blancs mis en lumière aujourd'hui. Souvent très riche, peu acide et de texture visqueuse il a - un peu à la manière d'un Rangen en Alsace- une puissance formelle sidérante qui le rapproche? au niveau de sa matière, d'une granularité de vin rouge.

   Produit sur 8 hectares et partagé par les villages de Chassagne et Puligny-Montrachet, il est marqué par trois zones distinctes. La première, côté Puligny, regarde le levant, est assez peu inclinée et est composée d'un substrat argilo-calcaire brun/rouge. Elle donne les vins les plus équilibrés, fins et sensuels du cru. La seconde qui dispose de même substrat du côté de Chassagne verse vers le sud et est ainsi un peu plus solaire et précoce, elle donne des vins légèrement plus opulents et intenses. Enfin une petite zone incluse tardivement dans le cru et située sur Chassagne, se place au dessus du cru au sud en formant de petits enclos en terrasses, ce sont "les dents de chiens", le sol y est un peu plus pierreux et le caractère du vin s'approche quelque peu de l'élégance du Chevalier tout proche. Soyons prudent toutefois car les différences stylistiques sont ténues. Une propriété assemble ce dernier lieu-dit avec la partie Chassagne (Prieur)et seul les domaines Colin et Amiot produisent du "pur" Dents de Chiens.

 

 

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