Froid : implications pour la vigne en Bourgogne
Durant l'hiver 2009 les températures sont descendues jusqu'à moins 22 degrés en Côte d'Or et à Chablis. Ces très fortes gelées avaient été précédées par un temps un peu humide, tempéré et dans certains secteurs ensoleillés. Ces fortes variations de températures eurent pour effet de faire mourir un certain nombre de cep dans les zones basses et humides et de porter atteinte à l'ensemble des pieds de pinots...qui deux ans après en souffrent encore nettement au niveau de leur vigueur.
La gelée noire est un effet funeste et imprévisible qui sans doute est accentué par les variations climatiques généralisées constatées depuis 10 ans. Il semble que les saisons ne se succèdent pas à des rythmes aussi réguliers qu'au cours de l'ensemble du 20° siècle et que les observables servant de références aux vignerons changent et perturbent nettement le cours de leurs travaux "in situ".
Ainsi en 2001 les vendanges ont-elles démarré en Août et étaient la plupart du temps terminées au 15 Septembre. Après la fin des vinifications, une fois les vins écoulés en fûts, les employés se sont acheminés dans les vignes pour réaliser des trous, pré-tailler et même tailler...alors que les feuilles étaient encore sur la liane pérenne. La sève non descendue de nombreux ceps ont été "démontés" et une belle proportion de bois coupés -encore verts- a été débarrassée de son feuillage et brulée. Une avance qui sur le coup a bien entendu permis ensuite de faire d'autres travaux utiles comme remonter des murs ou de la terre, arracher les parcelles fortement gelées ou encore rénover caves et cuviers. Mais avouons le, le déroulement du cycle 2011 s'est effectué avec un bon mois d'avance et la plupart des vins du millésime avaient terminés leurs deux fermentations avant Noël. Pas ordinaire...voire étonnant si ce n'est inquiétant.
Je me souviens avoir alors écrit un court billet sur les craintes de gelées entre le 20 et le 31 Décembre. Il faisait une chaleur quasi printanière et certains ont vu des bourgeons commencer à se gonfler dangereusement. Aïe, s'il avait gelé dans la foulée, nous aurions pu titrer sur une Vendange de Décembre ...sans production de vin de glace!
Nous sommes le 1° Février et le froid revient après une première "entrevue" lors de la saint Vincent de Janvier, on nous annonce jusqu'à moins 17° et nous savons avec pertinence que ce froid de canard là tue les ceps de zone humide et les "jeunes plants" plus sûrement qu'un impact de balle sur le volatile sus nommé. La neige pourra peut-être tempérer son effet, néanmoins le pinot noir qui ne s'est toujours pas remis des grands froids de 2009 s'apprête à vivre un épisode périlleux.
Il faut cela dit du froid pour tuer champignons et nuisibles et il est utile que nos sols se craquèlent afin de se mieux effriter au moment des labours printaniers...il n'empêche, cela risque, paradoxalement -), d'être "chaud" ces jours prochains!