La Côte de Beaunedu Sud au Nord 10: Le finage de Volnay
Repères sur le finage de Volnay et caractéristiques des sols classés en AOC "village" et "Premier cru".
Sur le plan morpho-géologique le synclinal de Volnay répond à l'anticlinal de Gevrey-Chambertin. Les sols de l'étage jurassique voient en leur partie sud resurgir le calcaire dur de comblanchien qui s'était abaissé au plan profond en terminant la Côte de Nuits à Corgoloin. Le finage de Volnay est placé sur des sols marno-calcaires plus ou moins argileux selon les endroits.
Les villages:
Le finage de niveau "Volnay village" est schématiquement scindé en deux zones distinctes. En premier lieu, Les parties hautes (Bouchères, En Vaut, Sur Roches, Ez Blanches) au dessus des premiers crus. Celles-ci sont calcaires - du calcaire dolomitisé- et pierreuses et reposent sur un substrat de terre superficielle blanche, pentue et très filtrante. Elles donnent des vins fruités, fins et souples qui ont une rare élégance, et qui sont en général moins robés et charpentés que ceux de la partie basse. Celle-ci est placée sous les premiers crus (Poisons, Grands Champs, Famines...), beaucoup plus argileuse et composée de terres brunes assez profondes. Les vins qui en sont issus sont souvent rudes, un peu austères et très charpentés. Ils sont au fond assez éloignés des archétypes fins et distingués qui sont pris pour "modèle" de l'appellation. En revanche ils ont une énergie rare et une capacité de vieillissement remarquable.
Les premiers crus
Le vignoble qui est classé en premier cru est souvent délimité en plusieurs zones distinctes, celles-ci étant associées à des emplacements ou à des caractéristiques morphologiques. On oublie cependant de souligner la grande unité de cet ensemble positionné au milieu du coteau qui va de Pommard à Meursault. Une unité qui est due pour partie au fait que le "terroir" de Volnay n'est pas véritablement coupé par une Combe - cas de Pommard par exemple - car l'entaille géologique qui partage le finage est en fait une Combe sèche qui n'a donc généré aucun dépôts limoneux.
La partie nord qui jouxte la commune de Pommard est toutefois partiellement marquée par des dépôts limoneux provenant du cône de déjection apporté par la Combe de Pommard, elle est également composée d'un substrat profond argilo-calcaire qui type indéniablement les crus du côté de l'élégance. Cependant plus on s'élève sur le coteau et moins ce ruban exposé vers le levant est marqué par son insolation. Ainsi les Fremiets du bas sont-ils en général un peu plus précoces que les parties hautes, plus enrobés mais également moins énergiques. Le climat des Angles verse quelque peu vers le nord-est et bénéficie de ce fait d'une fort belle tension interne et d'un caractère un peu plus ferme. Il est moins rustique que ses voisins du bas, Brouillards et l'Ormeau et Mitans mais n'en a peut-être pas toute la sève. Encore qu'il faut être prudent car chacun de ces mini climats porte en son sein des zones variables. Au dessus de Fremiets dans la partie haute de ce ruban de premiers crus se succèdent Chanlins, Pitures et Clos des Ducs. Les sols y sont plus blancs, très pierreux et confèrent aux crus une finesse fruitée insurpassable en année d'équilibre, ils peuvent être en revanche plus "froids et mats sur le plan aromatique" dans les années de faible maturité. Certaines zones de ce secteur pourraient à bon escient porter des blancs de premier ordre. Mais le règlement de l' AOC l'interdit.
Le secteur prolongeant le finage de Meursault au sud est marqué par la résurgence du Jurassique moyen calcaire de la Côte de Nuits, l'apparition de ce substrat en Santenots, Chevrets, Caillerets et dans une moindre mesure Champans et Carelle sous la Chapelle donne une tenue assez étonnante à ces vins qui sont placés alors sur un sol associant des marnes et des calcaires marneux. Ce sont les vins les plus charpentés de Volnay et lorsqu'ils associent densité à finesse naturelle, ils peuvent être réellement éblouissants. La plus parfaite expression de ce coteau se retrouve sur trois petites zones hors classes. La partie médiane et haute des Caillerets (Clos des 60 ouvrées en totalité), la partie basse des Champans contre le village et la zone des Santenots du Milieu englobant le Clos des Santenots. J'avoue avoir également un faible pour le petit cru de Chevrets, régulièrement éblouissant et fort comparable à ces trois "sous zones".
En dessous de ce parfait coteau, à l'Est se placent quelques jolis crus aux caractères un rien moins affirmés mais qui peuvent donner sous la férule d'excellents vinificateurs des vins de très haut vol. Ce sont Gigottes, Carelles dessous, Ronceret,Aussy, Lurets et Robardelles qui terminent la pente de ce coteau et voient leurs parties basses - à l'exception notable des Roncerets - classées en village. Le Ronceret me paraît le plus qualitatif, car placé dans une zone pierreuse au sous sol maigre, les vignes y souffrent et donnent toujours un vin très intense, fort proche des meilleurs Champans. A la suite de Robardelles se place les Santenots du dessous sur Meursault, la partie basse me semble moins intéressante mais le dessus donne des vins pleins, séveux et bouquetés qui peuvent être marqués par une certaine animalité caractéristique.
Au dessus des Champans et Caillerets du côté de la commune de Monthelie se trouve le très important finage du Clos des Chênes qui se poursuit du côté du village de Volnay par le célèbre et plus restreint Taillepieds. Ces deux crus placés un peu plus haut sur le coteau sur des terres qui se font plus blondes à mesure que le coteau s'élève. Les parties médianes et basses plus argileuses donnent des vins pleins, séveux et très racés, alors que le dessus se présente avec un peu plus de tension et un fruité frais très gourmand. J'aime beaucoup le grain de texture des parties médianes et du Clos des Chênes originel qui est situé au milieu nord du cru et qui est exploité aujourd'hui par le Château de Meursault. C'est une zone d'élite qui se poursuit avec les grands Taillepieds, un cru encore plus intense mais peut-être moins raffiné en moyenne que le Clos des Chênes.
Enfin une dernière entité est placée contre le village et composée d'une multitude de Clos, tous plus vibrants et qualitatifs les uns que les autres car bénéficiant sans doute d'un microclimat "intra muros" qui les singularise du côté de l'élégance. Le plus grand d'entre eux est le Clos de La Bousse d'Or dont la partie haute est prolongée par le Clos du château des ducs de Lafarge. Ce sont deux vins très différents car les"duc" se montrent épicés à souhait là où la Bousse d'Or joue le registre du fruit concentré avec un côté sanguin assez unique. Tout contre celui-ci le Clos de la Chapelle de Louis Boillot est d'une finesse remarquable et le Clos du Verseuil qui le suit - avec une exposition nord-est - semble lui ressembler comme un frère avec un rien de tension en plus. Il en va un peu de même pour le petit Clos d'Audignac placé au dessus de lui. Je suis particulièrement amateur du merveilleux Clos de la Barre qui peut être le plus grand des Volnay lorsqu'il est vinifié sans fard et avec la volonté d'affirmer sa vraie nature tellurique. Un vin droit, compact et d'une douceur de texture superlative. J'ai bu il y a peu un 1990 d'une indicible classe, je vous en reparlerai. Quelques Clos subsiste du côté des Fremiets et en particulier le Fremiets Clos de la Rougeotte qui termine le cru au sud, mais qui n'est pas un clos véritable. Il a le grain des Fremiets alors que le Clos de la Rougeotte - tout court sans Fremiets avant - me semble plus près de l'esprit du Clos des Ducs et du Clos de la cave des Ducs, ce dernier est aujourd'hui vinifié par Benjamin Leroux et appartient en partie à la famille Carré-Dureuil, mais je ne le déguste pas souvent hélas...
Patrick Essa - MAJ le 27/12/2013
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