Modeste bilan 2013 d'un dégustateur impénitent ayant été cette année fort mesuré
Je tiens ici en cette fin d'année, à vous livrer avec méthode les quelques observations réalisées tout au long de l'année lors de mes pérégrinations gustatives. Non qu'elles soient fondamentalement différentes de celles validées lors de la décade passée mais surtout car elle en constituent une forme de " conclusion " liée à un cycle majeur s'appuyant sur de multiples expériences. 2013 fut l'année des bilans, de ceux qui conduisent un quinqua à poser un regard lucide sur ses goûts vrais sans indulgence et sans parti pris mais aussi et surtout, sans dogme.
- Je préfère déguster des vins à jeunesse affirmée. Pas forcément des vins jeunes mais des vins dont les arômes n'évoquent pas le déclin. Ils peuvent avoir 1 ou 30 ans, voire plus mais ils doivent être frais et capable de s'exprimer directement sans que le cerveau ne soit obligé d'imaginer/intellectualiser ce qu'ils ont dû ou pu être.
- je n'aime pas les vins marqués par des déviances dues à la propreté ou plus finement à de mauvaises levures. Les accents de cidre ou de foie gras des blancs ou les notes d'écurie dans les rouges me font fuir. Toutes les olfactions techno-amyliques ou bio-animales m'indisposent tout autant. Un vin DOIT sentir bon dès son plus jeune âge et avant aération.
- si je continue d'être sévère avec la qualité moyenne des bulles, je reconnais avoir trempé mes lèvres dans des flacons plaisants, mais hélas bien peu semblent atteindre la haute qualité dont ils sont pourtant capables. Les dosages sucreux m'ennuient tout comme les notes "levuriennes" excessives et j'aimerais pouvoir boire un très grand champagne à 12 degrés...
- je ne fuis pas le bois mais en revanche je n'aime plus les boisés qui aromatisent en plus de vampiriser la matière avec des tanins sucreux. Les profils de certains crus finissent par être plus impactés par le mix bois/sucrosité que par leur origine et le couple vinif/élevage.
- je n'achète plus les vins qui négligent les acheteurs européens en se centrant uniquement sur les possibles profits orientaux. Je n'en parlerai dorénavant qu'avec parcimonie et n'ai plus envie en tant que consommateur de cautionner des grilles tarifaires qui font augmenter de manière concomitante le prix des terres et coupent à terme les producteurs de cet outil indispensable à leur survie.
- je redécouvre avec délice le vignoble ligérien qui a su rester sage et s'oriente de plus en plus vers la qualité. Les vins de 90 à 2010 que j'ai en cave me ravissent tous actuellement et à chaque fois pour des dépenses modiques. Vive la Loire!
- je ne bois plus du tout de rosé. Il tue à petit feu les vins - je parle des crus vinifiés avec ambition - de Provence et se propage dans le Languedoc. Une sorte de "beaujolais nouveau" actuel qui fera des dommages considérables aux vins de cru comme il a plombé le gamay des merveilleux climats du Sud de la Bourgogne.
- je ne mets plus de crachoir sur la table. Le vin que je sers est fait pour être bu et celui qui veut moins boire le signifie avant service. Je ne sers plus un vin tant que le verre de mon convive n'est pas vide. J'en sers donc moins et lorsque je sers je suis certain que le cru est au moins " bon". Le convive doit se responsabiliser et s'offrir un chauffeur ou un Tax si besoin est.
- Je suis convaincu que les crus blancs sont aussi qualitatifs que les crus rouges et que souvent ils expriment mieux leur terroir en se conservant plus longtemps dans les grandes années. Les deux vont de paire et en général mieux vaut servir les rouges d'abord. Un casse tête pour le repas mais une évidente logique en mode dégustation pur et dur. Halte au primat des grosses notes "rouges" pour les meilleurs vins de la planète, c'est simplement injuste.
Heureuses fêtes de fin d'années à tous et si le coeur vous en dit venez de temps à autre vous perdre sur le "pro" de degustateurs pour me donner vous aussi votre avis sur les chroniques, analyses de terroirs et dégustation que Dany et moi mettons en ligne...A bientôt je l'espère!