Phase de "Fermeture": stade ou vision intellectuelle?
Cette tentative d'essai sur la phase austère d'un vin n'en sera pas vraiment une pour une raison simple: je ne l'ai jamais constatée et je n'y crois guère... Et même pas du tout! Dans ces conditions vous vous demandez donc " mais pourquoi aborder le sujet s'il ne s'y intéresse pas?"... Eh bien ma réponse est plus complexe qu'il n'y parait car il faut d'abord convenir de ce que l'on entend par cette fameuse " phase de fermeture " tant il semble que ces termes soient utilisés en de nombreuses occasions et pas toujours à bon escient.
La phase de fermeture est donc le moment avéré où un vin qui montre une belle longueur finale - elle est toujours présente quel que soit le stade de vie d'un vin - peine à exprimer ses senteurs lors de l'olfaction et ses arômes lors de la dégustation. En somme le vin apparaît monolithique et simple et pourrait selon le pedigree qui le caractérise ne pas être au moment optimum de sa dégustation.
On le voit, cela renvoie largement au service du vin et au choix de l'instant où il est ouvert, mais aussi - c'est primordial - à la mise en œuvre de son service. Car soyons clair on ne fera jamais d'un âne un cheval de course et encore moins d'un simple générique un cru classé d'élite! Le vin peut ne pas se livrer mais il est tout aussi vrai qu'il ne peut se cacher. Impossible de boire un futur grand vin d'anthologie sans au moins en percevoir les contours les plus saillants et sans imaginer par ces fines perceptions son visage de demain...ou alors il est évident que déguster est encore pour vous une inconnue qui vous positionne dans une phase - des plus noble - d'apprentissage.
Plusieurs contre-vérités et mauvais usages apparaissent pourtant dans le quotidien du service du vin et de la dégustation. En premier lieu évoquer un vin jeune en le décrivant comme fermé à double tour alors même qu'on le boit dans une phase nécessaire de juste maturation - comptez 24 mois minimum - pour tout vin élevé 12 mois et plus sur lies. Cela peut être accentué par un service froid - combien de blancs sont bus glacés! - et par une recherche d'arômes liés à l'unique acidité qui les porte. Cette simplification outrancière éloigne tant de palais des saveurs les plus noblement racées... Mais il est vrai qu'elle gomme aussi de nombreux défauts. Méfiez vous toujours du type qui vous conseille un vin jeune et qui vous le sert givré...il vous cache quelque chose!
En second lieu un vin ouvert ne se referme pas. Cette pseudo dérive "intellectualisante" à été inventée par des serveurs cherchant à excuser le manque de qualité d'un vin ou incapable de détecter la juste et régulière évolution que tout cru bien vinifié connaît. Lorsque le vin est sous verre, il s'ouvre progressivement, peut évoluer moins vite en fonction des saisons et de la température du cellier mais JAMAIS il ne se refermera en remontant le cours de son histoire. C'est une ineptie des plus communément admise qui ne cesse de m'étonner lorsque je parcours les forums.
Ainsi les " attention n'ouvrez pas vos 2009 ils se sont refermés ces derniers temps! " sont aussi sentencieux que faux. Les plus concentrés s'ouvriront plus lentement, les plus gourmands sont toujours près et les mauvais ne seront jamais bons. Il est quand même étonnant de constater combien les vins sont de plus en plus consommés jeunes sur des profils inachevés qui génèrent des jugements sans appel à travers toutes les interfaces du net dont dispose l'amateur. Nous serions en droit de demander comment et dans quel cadre le vin à été appréhendé et surtout si l'expérience de celui qui le sert est en accord avec la bouteille qu'il a entre les mains.
Sinon il pourrait peut être penser lui aussi à se " la fermer "...