Dégustation thématique: Ladoix et Corton
Ladoix blanc 2013 - Domaine Ravaut en Magnum: Assemblage de deux parcelles qui totalisent 72 ares et sont situées non loin du Charlemagne. Ce 2013 mêle la charpente des terres argileuses de bas de pente à la finesse que le chardonnay du secteur acquière à mi-coteau. Vin souple et fluide construit sur une honnête matière, il se livre dès aujourd'hui et séduit par sa juvénile rondeur. Un vin gourmand qui a parfaitement introduit la soirée.
Ladoix blanc premier cru 2014 Les Nagets -Maratray-Dubreuil: Petit premier cru blanc monopole de 53 ares, il touche au Nord le climat des Gréchons et se situe juste sous le bois de Corton. Déjà sous l'influence éolienne de la combe de Vry et placé haut sur le coteau, il développe naturellement, dans ce millésime de tension, un caractère fruité un peu froid. Les notes de menthe et de verveine du premier nez font place à des effluves de gingembre et de citron de Menton, la bouche est bien équilibrée par une juste acidité et l'élevage est fort discret. Un vin svelte et racé.
Ladoix premier cru blanc Les Gréchons 2010 - Domaine Capitain: Sur un sol caillouteux marqué par les éboulis calcaires et une fine couche de terre arable, on retrouve un 2010 mûr et assez opulent signalant sans doute un léger botrytis initial sur les raisins. A la fois glycériné en milieu de bouche et assez vif en finale, il illustre avec acuité le caractère du chardonnay de hauteur dans un millésime tardif, peu abondant et construit sur une acidité tartrique assez importante. Un cru de table, parfait pour accompagner un joli poisson de rivière grâce à ses légers arômes confits.
Aloxe-Corton Premier Cru La Coutière 2012 - Capitain: Entre La Toppe au vert, Les Grandes Lolières et les Chaillots, ce sol très calcaire et pentu est souvent complanté de pinot noir. Cette incursion du chardonnay sur son sol prouve que la mixité des terres n'est pas toujours possible car dans ce millésime puissant et assez charpenté, il manque un peu de nervosité et de race pour affirmer un caractère singulier. Bien vinifié, assez pur et construit sur un volume assez imposant, il manque de distinction et de finesse pour dominer le cru précédent et lui faire suite avec bonheur. Sans démériter, il ne séduit pas complètement.
Corton-Charlemagne 2007 - Maratray-Dubreuil: Encore un très bon vin de cette maison qui a remporté tous les suffrages ce soir là. Pur, frais, concentré, il n'a pas bougé depuis que j'avais écrit un article sur sa classe supposée après l'avoir dégusté au palais des congrès dans les vins du millésime. Je le retrouve très racé et avec ce grain "Charlemagne de l'Est" qui n'est pas forcément mon sol préféré mais qui à ce niveau à un pouvoir de séduction étonnant. Très beau.
Corton-Charlemagne 2010 - Bouchard Père et Fils: Nez finement réduit s'exprimant sur l'allumette suédoise et des accents résiduels soufrés, il s'ouvre ensuite sur des notes naphtées et de silex frottés très caractéristiques de cette cuvée au domaine. Un vin droit, vif, ciselé et tranchant qui doit impérativement fondre sa fougue sur le long terme mais qui a un corps d'une rare puissance. Sans doute un vin formidable dans 15 ans...
Ladoix Rouge Les Carrières 2010 - Ravaut: Climat de récente création dans des zones dévolues aux carriers naguère, voilà l'exemple fruité type du pinot bénéficiant d'une belle exposition Est et d'un sol de niveau moyen. Le vin possède de jolis tanins fins, une matière fluide et une très belle "buvabilité". Peu onéreux, il constitue une affaire pour l'acheteur mais ne dispose pas d'un caractère Corton très affirmé.Mais cette filiation est-elle nécessaire? Voir...
Ladoix premier cru La Micaude 2011 - Capitain: La Micaude fait suite aux Corvées, sur une pente douce orientée plein Sud. Dans ce millésime précoce où la maturité ne fut pourtant pas toujours au rendez vous, marquant les vins du côté de notes feuillues - de type pyrazine - peu engageante, il a quasiment pu s'en affranchir. Le nez en est encore un peu imprégné mais en bouche les tanins fins et la douceur de texture plaide pour ce cru parfaitement vinifié et très délicat. Un joli vin dans ce contexte peu aisé.
Ladoix premier cru "Les Joyeuses" 2012 - Perrin: A mi coteau contre le Bois Roussot et non loin des Mourottes ce climat peut se décliner en village et premier cru. La partie premier cru exploitée par le domaine Perrin nous a franchement plu dans ce millésime. On sent une vinification assez proche d'options naturelles qui par exemple laissent poindre un gaz carbonique un rien saillant mais également un fruité frais, très pur et une matière racée et sauvage. Beau vin de sol ayant un caractère très singulier et une vraie allonge complexe. Y a t'il ici une vinification en raisins entiers, j'avoue avoir envisagé la chose. Une très belle découverte!
Aloxe-Corton 2012 - Perrin: Les villages d'Aloxe peuvent parfois procurer des notes un peu rustiques aux vins qui en sont issus, c'est le cas avec celui-ci qui sans démériter n'arrive pas au niveau des Joyeuses en dépit d'une concentration plus affirmée et de tanins rugueux. Trop jeune sans doute, son niveau de gaz élevé requière un "carafage" et même une agitation dans le verre. Mais j'avoue avoir été moins séduit que par le précédent car les notes aromatiques plus terriennes sont moins pures et avenantes.
Aloxe Corton premier cru 2010 - Ravaut: Mélange savant de Vercots, Paulands et Fournières, ce vin plein et "séveux" nous a plu pour sa concentration et ses tanins fins. Ils commencent à se fondre pour procurer une très belle allonge à un ensemble bouqueté et frais qui confirme la qualité de ce millésime qu'il est désormais possible de boire sans craintes..
Corton Clos du Roi 2013 - Maratray-Dubreuil: Quel beau vin pour demain! Racé, fin et d'une vibrante matière mûre, il enthousiasme par sa persistance sur des arômes de griotte et de pruneau frais. Très belle adresse de vinification pour un cru qui fait honneur à ce si qualitatif lieu-dit. Un régal!
Corton Bressandes 2009 - Nudant: Le millésime , nous le savons aujourd'hui, est sans conteste le plus grand de cette décennie. Souple dès sa naissance, il a pu faire croire à certains qu'il ne se tiendrait pas face au supposé étalon qu'était 2005. Mais il n'y a pas photo en moyenne et cet esprit de 2009 qui exalte le fruit juste mûr et une balance aromatique composée d'épices et de fruits noirs, est un pur moment de bonheur. Encore un Corton vibrant de classe et tout à fait digne de son rang de grand cru.Sur une pièce de gibier avec une sauce bien réduite, il aurait sans doute fait merveille... Superbe.
Corton Renardes 2011 - Capitain: le positionner derrière le 2009 ne fut pas un avantage pour lui en dépit de sa jolie stature et de son grain fin. Le millésime le marque toutefois sur des accents végétaux discrets qui gâchent la pureté d'un ensemble fluide et assez gourmand qui n'a pas le fond de ses voisins du soir. Un bon vin mais pas forcément à l'aise ici.
Le Corton 2005 - Bouchard père et fils: la parcelle est fantastique, le vin toujours très régulier et le millésime de haute réputation...mais il se montre pourtant encore un peu brutal et sans le poli du 2009 et du 2013. En revanche on sent sa capacité de vieillir en se bonifiant et le choix de la maison de produire un grand cru destiné à la très longue garde. Pour amateur de vins au grain austère et à la rude expression terrienne. Mais un peu de finesse en plus lui siérait parfaitement!
Patrick Essa - 2016