Colère blanche...
Millésime 2018, le retour du phylloxera?
En 2018, une fois de plus, l’histoire du millésime sera écrite par ceux qui feront la meilleure communication en parvenant à infléchir les avis en fonction de leurs choix.
Évidemment alors, la loi du plus grand nombre manipulée par les « influenceurs » sera celle que se donneront les observateurs de tous horizons qui ne peuvent, sans vivre les faits de l’intérieur, comprendre en profondeur les tenants et aboutissants qui régissent la logique des récoltes.
Je crois déjà entendre les voix de ceux qui annonceront qu’en 2018 « il fallait couper précocement » pour préserver l’acidité des vins et ainsi leur caractère de crus nerveux de limite nord. J’entends le sommelier évoquer la minéralité, le producteur évoquer la tension, l’acheteur se gausser de dates précoces pour obtenir la fraîcheur, et le journaliste déterminer son évaluation en fonction de qui aura fait où et quand...bref, 2015 et 2017, le retour!
Tout cela sera faux.
Par la grâce de raisonnements ampoulés et frileux n’ayant aucun fondements œnologiques la coupe précoce est une sorte de cancer qui ronge la qualité des vins de la Côte des blancs à très vive allure. Ce nouveau phylloxera est pernicieux car il est fait de hauts rendements sur des raisins imparfaitement mûrs et de corrections œnologiques imaginées par des producteurs et œnologues n’ayant pas su adapter leur modèle de vinifications à l’évolution de nos temps. Le pire étant que les organismes inter-professionnels n’ont absolument aucune vision à long terme de ce funeste mouvement qu’elles arrivent même à amplifier en diffusant des bulletins aux analyses tellement lissées qu’elles permettent de laisser libre cours à toutes sortes de choix non pertinents.
La majeure partie des récoltes sera ainsi chaptalisée alors qu’elles ont été rentrées au mois d’aout sous des chaleurs caniculaires, refroidies, brassées et pire, acidifiées en plus d’être corrigées en sucre. Pourtant toutes les prévisions à moyen terme annonçaient un temps clément et moins chaud au début de Septembre.
Le vin coule à flot, les rendements à trois chiffres ne sont paraît-il pas rares et tout le monde est d’accord pour autoriser 1,5 degrés de chaptalisation. Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes?
Non!
J’ai mal à ma passion, mal à mon Meursault, mal pour les anciens qui ne comprendraient pas autant de négligence et de permissivité, mal pour ces vins qui auraient pu, auraient dû être immenses...et qui ne le seront que très rarement.
Heureusement c’est à la fin du bal qu’on paie les musiciens, et là croyez moi, certains finiront par faire la manche.