Côte de Nuits: Finage de Gevrey-Chambertin, Les Grands crus

Publié le par Patrick Essa

Chambertin Clos de Bèze

   Le Clos de Bèze est au vin ce que la Bentley est à l’automobile. La quintessence du raffinement et de l’élégance sur une discrète touche de fougue et de sportivité. Ce cru idéalement placé sur la partie médiane du coteau s’étend sur près de 15,4 hectares. Création monastique il occupe une pente inclinée vers le levant qui s’élève également vers le sud à mesure que l’on s’approche de son alter-ego le Chambertin. Son sol caillouteux, marno-calcaire est parsemé de cailloutis et composé de terres brunes un peu plus claires que ce dernier.

    Un rien moins frais car peu marqué par les vents de la Combe Grisard, il est également plus précoce et en général donne des fruits de belle maturité qui exalte une nature douce et quelque peu féminine. On le compare certaines années aux grands crus voisins de Chambolle-Musigny mais je n’ai véritablement jamais trouvé la comparaison évidente, il est beaucoup plus proche de la nature interne concentrée et tellurique d’un Richebourg ou d’une Romanée. Mais à illustrer les sensations par d’autres crus on en oublie au fond que celui-ci est assez singulier pour se passer de référence. Les gibriaçois lui attribuent toujours une aura particulière, c’est incontestablement le « leader naturel » d’un finage qui a la chance d’en compter deux.

   Plusieurs secteurs le caractérise:

  • La partie nord basse et médiane qui prolonge les Mazis autour de la maison qui appartient au domaine Damoy. Relativement plane, caillouteuse et marquée par quelques limons et bans marneux. Elle se prolonge jusqu'à la vigne du domaine Bart. Les vins y sont très concentrés , bouquétés et pleins.
  • La partie sud qui se termine également par la parcelle Damoy et qui commence par la parcelle Faiveley en incluant la grande parcelle Marion. Cette dernière ayant longtemps été considérée comme la plus parfaite du cru, son épicentre en quelque sorte. Les terres s'assombrissent et la pente y est un peu plus forte, le vin lui y puise une énergie interne encore plus intense.
  • Les parcelles hautes des domaines Zibetti, de Dujac et de Rousseau. cette dernière étant assemblée.
  • Les parcelles basses de Stephen Gelin, Drouhin Laroze ( une toute petite partie de son ensemble ici) et Rebourseau. Seul le domaine Gelin propose "ce" Clos de Bèze de partie basse et médiane. Il en tire un vin profond, mûr et soyeux issu de deux parcelles situées dans la meilleure zone du cru.

 

 

Chambertin: 

Placé à la sortie du village de Gevrey-Chambertin dans le prolongement du Clos de Bèze et sur une pente assez douce, le climat de Chambertin est orienté plein Est. Il mesure très exactement 12 ha 90a et 13ca mais comme le Clos de Beze peut également revendiquer ce nom "simple" on le rencontre plus souvent que lui. Un paradoxe qui ne fait que confirmer la complexité de la compréhension des terroirs bourguignons.

Le Chambertin est depuis longtemps considéré comme l'un des cinq meilleurs grands crus de Bourgogne. Sa position médiane sur un coteau peu pentu et légèrement frais et venté lui confère un grain de texture inimitable qui avant même ses arômes envoûtants le désigne comme un des plus personnels de la Côte de Nuits. Ici, le profil aromatique variétal du pinot noir s'efface pour laisser une nature un peu ombrageuse et sauvage s'affirmer sans éclat ostentatoire mais avec une rare intensité. Lorsque le vin est parfaitement vinifié il libère dès sa jeunesse de prégnants arômes de bâton de réglisse qui le singularise nettement et qui font penser parfois à certains dégustateurs qu'il pourrait manquer de complexité face à son voisin Clos de Bèze, plus immédiatement élégant et aromatique. Il n'en est rien car le Chambertin n'affirme son évidente supériorité que sur la longue durée.

 

Coiffé par une bande d'arbre, incliné en pente douce vers le levant et sous l'emprise des vents qui sortent de la combe Grisard située juste au dessus au sud ouest, c'est un climat légèrement frais qui comme le Musigny puise dans cette situation une vibrante et incomparable nature énergique. Son sol bas et médian est composé de calcaire à entroque du - Bajocien inférieur, alors que le haut - légèrement plus pentu et pierreux - est directement marqué par des - bans marneux . Ce substratum profond est finement recouvert d'éboulis calcaires et de limons qui se sont déposés au fils des millénaires et mélangés par la façon culturale humaine, multiséculaires.

 

La finesse supposée des parties hautes associées à la puissance des secteurs peu inclinés marquent quelque peu le cru selon les zones où il est produit et apporte de ce fait un éclairage étonnant sur sa nature de véritable Janus gibriaçois. Ainsi est-il révélateur de comparer les Chambertins "du bas" de Prieur, Mortet ou Charlopin avec ceux exclusivement situés "dans le dessus" de Bichot, Bouchard, Bertagna ou Tortochot. La sève de ces derniers face à la nature plus aérienne et immédiate, il faudrait un "livre pour archiver toutes ces sensations! Ces deux "visions" ne résistent toutefois pas à la qualité des cuvées qui mêlent en une symphonie d'arômes les diverses origines. Il faut avoir taster les crus de Trapet, Rossignol-Trapet et Rousseau pour avoir le fin mot gustatif de la "sphère Chambertin", celle qui sans doute permet de définir "le" Chambertin comme le vin le plus incroyablement complet et accompli de Bourgogne.

Soulignons également que ce cru sanguin et fougueux aime les années solaires et qu'il s'exprime en année sèche avec encore plus de classe et de race, comme si sa nature austère aimait à s'épanouir sous les ors. Plus il est récolté mûr et précocement en Septembre, plus il se montre spontané, complexe et jovial. A l'inverse coupé fin Septembre ou en Octobre il rentre dans un froid mutisme qu'il ne quitte bien souvent qu'après quinze années sous verre.

 

 

Ruchottes-Chambertin:

Le sol a cet endroit est assez tourmenté car il subsiste dans ce haut de coteau de nombreux pierriers et murgers qui donnent à ce grand cru des allures sauvages. C'est un peu comme si la main humaine avait eu en ce climat moins d'incidence sur l'ordonnancement des pentes et des parcelles. C'est un petit grand cru puisqu'il mesure seulement 3,30 hectares mais cela ne l'empêche pas de se décomposer en trois entités distinctes et nettement identifiables sur le terrain:

§         En premier lieu le Clos des Ruchottes du domaine Rousseau qui mesure un peu plus de 1 hectare et qui se situe dans la partie haute du grand cru. Il est orienté plein Est et n'est séparé des Issarts que par le chemin qui monte sur le haut du coteau.

§         Ensuite les Ruchottes du Dessus dont le Clos fait également partie qui sont enclavées entre celui-ci et le premier cru Bel-Air. Les parcelles ne sont pas très grandes mais le domaine Roumier exploite ici près d'un demi hectare, le sol y est sans doute encore un peu plus caillouteux que dans le clos.

§         Enfin les Ruchottes du Bas qui prolongent assez naturellement vers le septentrion le grand cru de Mazis Haut.Elles sont sans doutes un peu plus argileuses mais sont exposées de la même manière.Le domaine Georges Mugneret possède ici une parcelle de 68 ares.

Un seule propriété à ma connaissance produit une cuvée assemblant le Dessus et le Bas à parts égales. Il s'agit du domaine Henri Magnien. Je me souviens en avoir dégusté de vénérables en sa compagnie il y de longues années déjà et le revoit m'expliquer avec passion "ses" Ruchottes" et "son" si précieux finage de Gevrey. Des moments inoubliables qui sans doute ont allumé ma passion pour cette commune à nulle autre seconde.

 

         Chapelle-Chambertin

Le Grand cru Chapelle-Chambertin mesure aujourd'hui 5 ha 48a 53 ca et se trouve sur une zone en légère déclivité qui regarde le levant. C' est un des secteurs le plus solaires et précoce du finage de Gevrey et il parvient très souvent à idéale maturité quelques jours avant le Chambertin. Son sol est constitué d'éboulis calcaires blancs qui grâce à leur perméabilité assurent un drainage optimal. Ce substratum marno-calcaire laisse poindre en certains endroits du haut du finage des têtes de roches qui affleurent. Les parties basses sont en revanche plus argileuses et collantes et marquent un peu les vins du côté d'une certaine sévérité qui n'est pas toujours associée à ce cru tellurique et infiniment racé.

Sur le plan historique la Chapelle dont il est question se nommait Chapelle du Clos de Beze car elle lui faisait face et se situait donc du côté Est du chemin qui va de Gevrey à Morey (un portique enjambait même le chemin d'est en ouest), elle a été bâtie en 1155 et rasée à la révolution de 1789 à 1792.(Source : le père Cordier, curé de Gevrey). Les Gémeaux n'ont pas toujours été considérés au même niveau que l'ancienne "Chapelle haute" ( coeur historique du climat ) et Lavalle les classe en deuxième classe alors qu'il place le haut en "première".A noter qu'à cette époque la petite Chapelle est classée au même niveau que les Gémeaux et je pense sincèrement qu'elle est plus proche de ces derniers.

Les propriétaires de Gémeaux sont peu nombreux de nos jours et si l'on se base sur les 30 dernnières années il fallait déguster chez Michel Noellat, chez Livera ( au coeur du climat ), Jadot ( la première vigne après les cherbaudes), Ponsot pour isoler le type du cru. Hors ces domaines - en dehors de Jadot - ne présentent pas beaucoup d'échantillons dans les dégustations comparatives.
Aujourd'hui une des parcelles Livera est exploitée par Claude Dugat et le domaine Rossignol Trapet en possède 16 ares car sa vigne est à cheval sur les deux lieux-dits. Il assemble logiquement ces deux entités. On comprend aisément que le lieu-dit est différent lorsque l'on se ballade dans les vignes car la pente est légèrement inclinée vers le Nord et en général la maturité y est plus tardive. David Rossignol a toujours un demi degré d’écart au moins entre ces deux parcelles par exemple. Il en résulte un "Gémeaux-Chambertin" qui est assez personnel car un peu plus raide dans ses premières années. Moins solaire que Chapelle haute (qui est en plus placé sur un sol moins profond), il donne des vins plus charnus, plus stricts aux tanins un peu plus formés. En revanche il gagne en puissance ce qu'il perd en élégance et il est assez sidérant de constater la sève des Gémeaux de Jadot (vigne de 49 ans)ou de Jean-Marc Noellat - Domaine Michel Noëllat - qui en a réalisé de très beaux (et combien méconnus) avant de céder le fermage de la vigne "Tremblay" il y a trois ans. Seul le domaine Rossignol-Trapet est aujourd'hui à même de diffuser un assemblage de Gémeaux et de Chapelle, en l'état précieusement unique.

Le secteur de Chapelle haute a beaucoup souffert des fortes chaleurs de 2003 et du stress hydrique. IL est de ce fait souvent un peu confit, facile et gourmand mais manque de race et d'équilibre pour aller vers la longue garde.Le retour au grand style se fera chez ceux qui ont bien triés en 2004 et qui ne seront pas victimes des coups de grêle , bien que le secteur ait été moins touché que d'autres. Il s'agit sans doute du plus suave des grands crus après les deux chambertin si l'on excepte la partie haute et le plat des grands Charmes. Sa réputation moindre par rapport à la Griotte est due à sa plénitude de constitution et à sa capacité a garder assez longtemps en son centre toute la sève dont elle dispose. Peu exubérante mais mêlant avec bonheur les notes épicées et finement confites des zones solaires elle mérite vraiment d'être remise à son juste rang.

 

 

 Mazis Chambertin

 

   Le climat de Mazis mesure 9ha 10a 34ca et est coupé en deux parties dont on a longtemps évoqué la différence qualitative. Le dessus étant considéré comme plus qualitatif en raison de sa position plus haute sur le coteau et de sa pente plus forte. Cependant ces deux sous-climats sont coupés par une diagonale qui place certains Mazis Bas au dessus de certains Mazis hauts...on le voit "l'affaire" est plus complexe qu'il n'y paraît au premier abord, d'autant que l'endroit s'érode vite et que de nombreuses terres du dessus ont raviné vers le bas. Il en résulte toutefois une partie supérieure un rien plus inclinée et solaire avec une couche végétale plus maigre. Nous sommes sur une terre du jurassique de l'étage bajocien et le sous sol est composé de calcaire à entroque. Un substrat assez proche de celui du Clos de Beze voisin mais en plus recouvert sur le plan superficiel d'une terre brune, assez foncée. Le cru est encore un peu sous l'influence éolienne de la Combe Lavaux toute proche et sa situation plein Est est remarquablement uniforme.

C'est un vin merveilleux qui se place dans le peloton de tête des vins du nuiton et qui cousine fortement avec Bonnes Mares. Il est sans doute le seul à pouvoir rivaliser avec l'intensité "athlétique" du cru en sa partie cambuléenne car sa texture toujours très profonde et sa générosité légendaire en font un vin de haute tenue qui s'épanouit véritablement sur le long terme.





Latricières Chambertin

Latricières du latin « triciae » qui signifie terre infertile, maigre et pauvre est sans doute née sous le nom de « La Tricière », baptisée dès le 14°siècle par de laborieux vignerons peinant à planter leurs paisseaux dans ces terres très dures. Si l’ensemble du climat repose sur un maigre substrat il est juste de signaler que la partie haute est assez  proche au niveau de son orientation et de sa constitution du grand Chambertin qui le borde au septentrion. Un coteau légèrement incliné vers l’Est qui est composé de calcaire oolithique. Dans la partie basse il n’est pas rare de voir affleurer de la roche dure et le sol est alors mince, caillouteux et très exigent pour les ceps de vignes qui y sont plantés. Une partie haute proche de sapins, moins parfaite sans doute car plus froide est plus proche du caractère des Combottes, elle est aujourd’hui exploitée par le domaine Arnoux à Vosne Romanée.

 

Ce cru a longtemps été confondu avec le Chambertin et en 1831 le Docteur Morelot ne le cite pas et passe directement du Clos de la Roche au « vrai » Chambertin. Preuve sans équivoque que ces parcelles étaient vendues comme tel jusqu’au milieu du 19°siècle. Le docteur Lavalle le place ensuite en seconde cuvée avec lez Mazis Bas, la petite Chapelle, les Mazoyères et les Charmes Bas. Curieusement une classe sous les Cazetiers, les Verroilles, les Saint Jacques et les Estournelles. Avec le temps les classements évolueront mais le cru ne prendra vraiment son « envol » qu’à partir des années 1930, moment où il acquiert son statut de grand cru.

Assez étendu (près de 8 ha) peu morcelé et fort qualitatif, son nom semble le desservir un peu car il n’a pas la grâce de Chapelle, Griotte ou Charmes… il suffit parfois de peu pour minorer une terre ou la faire passer dans la légende.

C’est un vin qui possède un caractère très racé qui se rapproche nettement du Clos de la Roche avec ses notes d’épices, de réglisse et surtout -en année de belle maturité- des accents de clou de girofle très étonnant. Marqué par la fraîcheur des vents de la Combe Grisard, le cru est un rien plus tardif que ses pairs de Gevrey, ce qui lui procure sans doute une finesse unique de constitution. Les domaines Trapet, Camus, Arnoux-Lachaux et Drouhin Laroze possèdent les parcelles les plus conséquentes avec le domaine Rossignol-Trapet.





Mazoyères Chambertin

On positionne souvent Mazoyères comme le moins parfait des grands crus de Gevrey-Chambertin en raison de sa partie la plus à l'Est qui sur une carte se montre fort proche de la nationale. Certains en ont conclu bien vite que ces parties ne méritaient en rien le titre de grand cru...rien n'est plus faux. En effet le sol s'élève depuis la partie nord des Charmes et la partie "basse" des Mazoyères surplombe nettement le "Champs Chenys" mitoyen qui lui n'est qu'un simple - et fort bon - village, elle se trouve même plus haute que le bas de la Griotte et au même niveau que les bas de Charmes. Combien en revanche ces deux climats sont différents, tant Mazoyères un rien plus frais en raison de l'influence des vents venant de la Combe Grisard se montre plus immédiatement bouqueté que Charmes, plus terrien, dense et sans doute dans le dessus "structuré". Mazoyères ne devrait jamais revendiquer sur ces 18 ha 58a 68 ca le nom de Charmes en dépit de sa funeste autorisation par l'INAO depuis son classement en 1936 et préserver sa vraie originalité de terroir.

 

 

Celui-ci est caractérisé par un substrat de graviers calcaires. Ces sols peu profonds sont composés d'une terre brune/blonde argilo-calcaire, très arable et mêlée de graviers. Le sol est très fin en ces endroits, ressuie vite en sa partie haute et s'il est plus profond au levant, sa qualité est absolument incontestable. Les parties hautes donnent des vins élégants, ciselés et extrêmement fins qui évoquent stylistiquement les partie médianes des Echézeaux et du Clos de Vougeot. Les parties basses confèrent aux vins des arômes plus bouquetés, généreux et d'une séduction immédiate extraordinaire. Je suis un grand amateur de ce cru minoré qui doit être recherché lorsque l'on aime les crus de pinot mêlant finesse, gourmandise et distinction. De nombreux producteurs d'élite le vinifient et il possède de ce fait une très belle régularité.

 



Charmes-Chambertin

Le cru Charmes est probablement celui qui se retrouve le plus souvent en Bourgogne mais un seul possède le titre de grand cru, celui de Gevrey-Chambertin. Un peu comme son alter ego blanc de Meursault il se décline en plusieurs versions selon les secteurs où il est produit car c'est un "climat" étendu si l'on considère qu'il peut baptiser de son nom le Mazoyères-Chambertin voisin. Il ne mesure seul que 12ha 24a 56ca et est de ce fait plus petit que l'imposante entité du "plat" des Mazoyères. Celle-ci avec ces 18ha 58 a 68ca et le plus vaste des grands crus de la commune. De ce fait même le "vrai" Charmes-Chambertin est un vin assez rare en dépit du nombre considérable de bouteilles qui sont mises sur le marché. Un paradoxe étrange qui s'accompagne d'une grande variété des styles rencontrés car la déclivité des Charmes est un peu plus marquée que celle de son voisin et type nettement les vins et les producteurs qui le diffusent ont tous une manière de vinifier qui singularise leurs vins. Pour toutes ces raisons je suis toujours très surpris de lire des descriptions de Charmes-Chambertin stéréotypées qui la plupart du temps ne font qu'affirmer avec force la supposée finesse de ce terroir en se fondant sur son nom. Un peu court il me semble!

 

Son sol a une apparence rougeâtre, il est assez mince, caillouteux, marneux en certaines zones et parsemé de tête de roches qui signalent un sous sol rocheux et fissuré favorisant un enracinement très profond. Ce substrat unique est sans doute en sa partie haute et médiane l'un des plus qualitatifs de la côte de Nuits. Le Charmes originel est directement placé sous le Chambertin et juste en dessous a une orientation légèrement Est Nord-Est qui le rend un rien plus tendu et frais que son voisin.

La majeure partie de sa partie haute appartient à la famille Camus qui cultive près de 3 hectares de vignes plantées dans le sens Nord-Sud. Certains domaines sont également présents dans ce secteur en sa partie nord et assemblent leurs vignes avec d'autres zones, Huguenot, Duroché, Dupont-Tisserandot par exemple. Le finage se termine au sud par la parcelle du domaine Taupenot-Merme et par les deux morceaux de la famille Perrot-Minot. Cette entité est sans doute celle qui livre les vins les plus sensuels et profonds du cru, ils ont un cousinage certain avec le Chambertin.

La partie médiane que je surnomme souvent "le plat des "Charmes" est elle aussi extrêmement qualitative car un rien plus solaire et d'exposition plein Est. C'est une zone très pierreuse, pauvre et la vigne y souffre un peu plus que sur le haut. Les vins des Dugat, de Denis Bachelet, du domaine Humbert ou de Geantet en sont issus. J'aime souvent leur profondeur et ce côté énergique, pur, idéalement mur et suprêmement précis qui les caractérise. Pour toutes ces raisons c'est un des secteurs que je préfère à Gevrey-Chambertin, supérieur à mon sens à la Griotte ou aux Ruchottes.

Enfin je signalerais une partie basse à ce cru qui est plus argileuse, marquée par des terres plus profondes et moins caillouteuses. Celle-ci donne des vins d'une rare élégance qui ressemblent un peu aux Mazoyères du même étage. Bien peu l'isole complètement mais le domaine Roty possède ici quelques vénérables pieds hors d'âge qui donnent un vin étonnant de raffinement et de sève. Citons également la maison Raphet qui me semble avoir un Charmes très élégant marqué autant par le secteur que par ses vinifications classiques.

 

Publié dans SOMMAIRE GENERAL

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article