Meursault-Perrières 2004 Henri Germain

Publié le par Patrick Essa

  Le cru de Perrières est sans conteste le plus courtisé de la commune car il réunit les qualités essentielles de puissance et de tension qui signent les plus grands vin blancs issus du chardonnay. Peu d'écrits se penchent en revanche sur les facteurs qui génèrent cette supériorité affirmée.

   On se fonde le plus souvent sur une tradition ancestrale qui positionne le climat très proche du grand Montrachet pour sa longévité et son originalité. Combien savent qu'il en est en fait l'exact contraire stylistique? Autant le Montrachet s'exprime par une vinosité insurpassable, autant le Perrières est un vin tellurique, énergique, violent, à la sauvagerie quasi dérangeante, qui  déroute souvent lorsqu'il est jeune. Ce vin sans compromis est produit sur des secteurs assez divers qui marquent également la race formelle des crus qui en sont issus.

  Ainsi la "Grande Perrière" qui fait suite aux Genevrières du dessus jusqu'à la grotte - qui la connaît!? - de la "Porre et Piarde" donne t'elle les vins les plus civilisés du climat , assez proches au fond des "grands Genevrières" qui lui font face car plus opulents, plus sensuels et plus immédiatement accessibles, ils livrent une partition droite et pure qui s'assagit un rien plus vite que la partie haute du finage. celle-ci appellée "Perrières dessus" est également très morcelée car disposant de parcelles hautes et basses, avec des orientations variables, elle confère aux crus un côté rocailleux qui densifie la granularité de la texture et finit par imprimer une sensation quasi coupante sur la langue. vin de cailloux sur des terres maigres, vin sidérant de finesse évoquant les dessus du Chevalier ou la rigidité de la Goutte d'Or plus méconnue.

  Le meilleur secteur est cependant le "plat des Perrières" juste au dessus de la "grande Charmes" du dessus, il englobe le petit - 1 ha - Clos des Perrières et une langue de terre qui va butter contre les Champs Canets de Puligny-Montrachet. Les vins produits dans ce secteur sont sans conteste parmi les plus grands Bourgogne blancs par leur intensité et leur bouquet unique mêlant les accents rocailleux d'une minéralité vraie et cette incomparable touche grillée/mentholée que génère les beaux chardonnays d'équilibre subtil.

  Dégusté il y a peu en accompagnement d'un plat de foie gras ce Perrières du dessus a montré une fois de plus la nature longiligne du cru et le besoin impérieux de l'attendre cinq années au moins. Celui-ci est encore fort jeune et a dû être aéré quelque peu dans le verre pour livrer son juste message aromatique.Robe très claire à reflets verts, limpide et scintillante.Senteurs de verveine, de silex frottés et touche fumée se mêlent en un complexe profil olfactif. La bouche est retenue mais bâtie sur une trame au grain serré qui apporte une fraîcheur remarquable en bouche. J'apprécie l'élevage en retrait et la nature directe et nerveuse de ce vin jeune et aérien qui semble être parti pour se bonifier sur 15 années au moins. Longue finale sur la fleur de tilleul. Du travail d'orfèvre dans un des premeirs millésimes du domaine sur ce cru. Très bien+

Style Classique

 

Publié dans Côte de Beaune Blanc

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