De l'influence de la pleine lune sur les vignes et les garous...

Publié le par Patrick Essa

De l'influence de la pleine lune sur les vignes et les garous...

La pleine lune a de temps immémoriaux eu la capacité de décupler les peurs et les sentiments tout en desinhibant les comportements. Il semble que nos contrées soient sous influence ces derniers jours...
...Nos vignes elles, en sont transformées car après la chaleur, la petite pluie d'hier et le vent de ce mardi elles sont enfin entrées à un stade terminal de maturation sur le plan physiologique, celui où la terre nourricière révèle avec le plus de vibrations la nature du terroir et sa singularité. En fait tout ce qui permet au vigneron de revendiquer une origine exceptionnelle et unique... et des prix très élevés.
Pour quelles raisons me direz vous?

En fait plusieurs éléments expliquent ce mystère de la nativité du millésime 2015:

1/ en premier lieu, un raisin ne peut donner son équilibre et ses parfums/arômes que s'il est physiologiquement et phénoliquement mûr. Quelle que soit l'année. Hors en 2015 les fruits vites chargés en sucre ont eu besoin de temps et d'un peu d'eau pour achever réellement leur maturation. Pas tout à fait 100 jours après le passage de la fleur - comme il est souvent de règle - mais entre 94 et 98 jours selon les secteurs.

2/ le niveau faible d'acidité malique s'accompagne d'une acidité tartrique élevée et de niveau de potassium modéré dans la pulpe. Les vins ont des équilibres d'année chaude et précoce et préserver leur tension sans chaptaliser - car cela peut faire chuter les acidités et modifier les équilibres généraux des moûts vers la dilution et l'impression alcoolique - était essentiel pour nous.

3/ les peaux épaisses sont chargées en potassium tout comme les rafles, laisser la pluie augmenter la proportion de jus nous paraît nécessaire pour préserver notre belle acidité tartrique qui peut être précipitée - et donc diminuer - par des niveaux de potassium importants.

4/ mettre en œuvre une réception de vendanges et des cycles de pressurages pour ne pas générer trop de potassium est une étape qui sera sans doute cruciale et qui devrait permettre de limiter son effet sur les acidités tartriques. On s'est préparé... Je vous en parlerai.

5/ les années précoces et chaudes voient des rendements levures souvent plus modérés - cas chez nous des 2003,2007,2011 - que les années tardives et fraîches. L'année dernière il fallait moins de 16 grammes de sucre pour réaliser 1 degré, cette année je pense que tabler sur 16,2 est plausible. Même si là, il s'agit de conjectures dont on ne connaîtra les vraies valeurs en Avril prochain.

6/ rentrer des vendanges sous des températures proches de 20 degrés pour éviter de voir les moûts partir en fermentation alcoolique trop vite sans avoir à les refroidir et donc en laissant les choses se déclencher naturellement selon une cinétique douce et régulière.

Le temps de cette Lune pleine est plus frais, le petit vent du matin est là, les rosées feront encore du bien aux raisins durant toute la semaine de coupe ET le spectre des orages s'éloigne...on est près à rentrer des raisins de très très haute qualité.

Une pensée pour mes amis de Chablis chez qui j'irai chercher mes moûts le cœur serré car ils ont gravement grêlé hier soir. Eux ont de vraies raisons de voir leurs sangs s'échauffer...

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
D
Bel article : le vin est alchimie, mais on n'y pense pas en le goûtant
Répondre