Ermitage, Porto, Gevrey...

Publié le par Patrick Essa

Ermitage, Porto, Gevrey...

Ermitage Le Pavillon 1995 - Chapoutier: parmi les bouteilles encavées dans les années 90 trône ce vin noir, sombre et dense dans le pré carré consacré aux vins rhodaniens de garde. De fait il lui a fallu tout ce temps pour affirmer sa vraie nature et fondre sa matière phénoménale. Il est aujourd'hui encore jeune d'aspect, plein d'une énergie qui lui procure tension et longueur et d'une complexité étourdissante. Il peut regarder dans les yeux les plus grands vins de ce pays et je pense même qu'il est supérieur à la Landonne en 95. Un tour de force.

Côte Rôtie La Turque 2006 - Guigal: bien jeune cette Turque n'en possède pas moins une accessibilité étonnante, comme souvent au sein du power trio de Guigal. Moins dominée par l'élevage qu'en 2005 et 2009, plus svelte que 1999, plus épanouie que 2007 et plus fringante que 2004 ou 2003, elle me rappelle le formidable 88, pourtant issu de jeunes vignes. Un vin rate, structuré, dominateur et d'une précision aromatique Syrah qui égale les standards de pureté et de finesse de Chave. Grand.

Gevrey-Chambertin Les Combottes 2010 - Dujac: Combottes est le mal aimé de Gevrey. Portion de grand cru classée en première classe en raison des sables caractérisant une partie de son substrat et de sa situation ventre sous la Combe Grisard. Climat pourtant très précoce qui peut souffrir de la sécheresse, il lui arrive de délivrer un message un peu fluide et sans relief. Ce n'est pas complètement le cas ici car le vin léger et sensuel a de la tenue et si son volume est limité il emporte la partie par son pôle varietal noble et très "pinesque". L'ampleur des vins de Dujac n'étant jamais leur point fort, il est conforme à mes attentes.

Hermitage Les Bessards 1998 - Delas: Le meilleur cru du coteau avec le Meal s'affirme toujours sur une rare énergie et une douceur de texture plus affirmée que son voisin. Vin tellurique, rocailleux et svelte, un Bessards est une merveille de tension à son meilleur tout en exaltant des notes de fruits frais, plus rougissantes que sombres. Ce 1998 bu à son apogée est finement marqué par des effluves de girolles et de blague à tabac puis de feskuille de cigare. La bouche est longiligne, insinuante, ferme et d'une précision millimétrée qui fait ressortir des accents de moka, de mûre, de réséda et de bois de santal. Vin aérien et élégant... Un seigneur.

Hermitage 1990 - De Vallouit: maison en partie rachetée par la " Guigal World Company" elle avait de superbes terroirs en Méal, Bessards, Greffieux et Murets et cela se sent! Dans le contexte de ce millésime de caractère, le vin est harmonieux car parfaitement construit sur des tanins fermes une juste acidité de fruits révoltés sur le croquant de leur maturité froide. Ample, ciselé et très pur, une surprise qui montre que les ligues mineures jouent parfois dans la cour des grands sur des millésimes d'exception. Très beau.

Chateau Guiraud 1989 - Sauternes: les liquoreux enchantent ou écœurent! Celui ci joue dans la première catégorie car il a une puissance folle tout en préservant une fraîcheur qui lui confère une buvabilité étonnante. Vin de grand millésime, impacté par un botrytis parfaitement géré entre finesse et onctuosité, il se présente aujourd'hui à point. Robe dorée qui brunit légèrement, nez iodé, légère volatile et bouche grasse et enveloppante qui termine sur un fraîcheur lactique bienvenue. Un liquoreux de facture très classique.

Porto - Quinta Do Noval - Nacional 1978: au panthéon des grands vins du Douro il y a ce genre de bouteille mythique que l'on ouvre parfois à Meursault au fond des caves avec 5 amis lorsque l'on vient de boire un Perrieres 1919 n'ayant pas bougé de place depuis 85 ans! Un ovni de richesse et de douceur qui vous donne l'impression d'avaler de la lumière et de vous embraser de l'intérieur. Comment peut on produire des Porto aussi aboutis et frais, comment peut on donner l'impression de légèreté alors que l'on titre près de 20 degrés?!. Je suis resté pantois devant un tel tour de force. Et ce goût de réglisse et de figue fraîche qui est encore dans ma bouche est si agréable. Grand.

Pomerol 1962 - Latour à Pomerol: comme il s'agit de mon année et qu'il fallait bien la boire un jour, nous avons tenté notre chance avec ce flacon bien moins réputé que son grand frère 1961. Bien nous en a pris car il s'est avéré de haut niveau avec une évolution mesurée et une touche fruitée encore affirmée. On sent une vendange mûre mais point trop, les tanins sont fondus, le caractère crasse de fer ( fumé ) est bien présent et l'allonge remarquable. Un vin bien conservé qui a fait dignement honneur à son appellation. Dommage que depuis ce terroir soit moins à son avantage...

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