Chablis Premier Cru: La Côte des Montmains, de Forest et des Butteaux
Orthographié « Montméen », « Montmoyen » dès 1537, autrement dit le mont moyen, « Montmains » est un "mont" se trouvant à une altitude intermédiaire entre deux côtes plus élevées. Il fait partie du vignoble originel de Chablis qui s'est probablement développé sur les pentes orientées au Sud Est dans les vallées faisant face au village.
Ce cru célèbre de la rive gauche du petit cours d'eau Serein a été mis en culture dans des temps immémoriaux et de manière certaine dès le troisième siècle de notre ère sous le règne de l'empereur romain Probus. Quelques siècles plus tard, en 867, le roi Charles II dit le Chauve (petits-fils de Charlemagne) transmet aux moines de Tours le bourg de Chablis et le monastère de Saint-Loup, ils viendront plus tard y déposer les reliques de Saint Martin. Ils développent la vigne sur les coteaux qui fond face au Serein, cœur historique du vignoble chablisien et emplacement actuel des meilleurs crus. En 1118, les moines de Pontigny concluent un accord avec les moines de Saint-Martin de Tours leur donnant le droit d'exploiter trente six arpents de vignes autour de Chablis (soit environ vingt-deux hectares). Pour vinifier et entreposer leur vin, ils firent construire à Chablis le « Petit Pontigny », dont le cellier existe toujours, et qui abrite aujourd'hui de nombreuses manifestations vigneronnes et sert de siège au Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne à Chablis. (sources Wikipedia)
La question est aujourd'hui de déterminer quelles furent les premières côtes plantées? Si beaucoup d'observateurs évoquent les coteaux des sept grands crus actuels, certains font à bon escient remarquer que les moines ne plantaient que très rarement en plein Sud et qu'ils auraient pu en premier lieu coloniser les vallées sèches de Léché, Montmoyen et Vaillon, soit un vignoble qui part du village de Chablis pour aller en direction des actuels bois de Milly. Ces zones assez fortement inclinées au Sud Est possédant toutes les caractéristiques morpho-géologiques requises par des moines cisterciens venant - ne l'oublions pas - d'une Côte d'Or où toutes les vignes regardent le levant de face. Je pense plausible de souligner que ces coteaux correspondaient en compagnie des grands crus aux 550 hectares que le Moyen Age reconnaissait à ce vignoble.
Beaucoup plus tard, dans le courant des années 1970/80 les nombreux premiers crus du bassin sédimentaire chablisien furent regroupés en grandes entités pour une meilleure lisibilité. Ainsi les pentes de Montmains qui portent également Forest et Butteaux furent toutes autorisées à se nommer Montmains. Dans les faits toutefois il existe nombre de viticulteurs qui revendiquent les noms ancestraux. A bon droit il me semble. La côte est vaste et mesure plus de cent dix hectares.
Des Butteaux à l'Ouest aux "vrais" Montmains à l'Est elle forme une entité cohérente posée sur une pente un peu moins forte qu'en Léchet et Vaillon mais qui peut atteindre les 20%! Elle est située sur la rive gauche du Serein. Entre Butteaux et Montmains ses 110 hectares regardent le Sud Est. Son sol de l'étage kimméridgien est marqué par les fameuses huitres fossiles de type "exogira virgula" qui ont servi de "référence géologique" au classement des zones de production de la région. Un substrat clair, arilo-calcaire, situé sur une zone pentue et filtrante procure aux raisins une dynamique interne étonnante qui peut aller jusqu'à des expressions sévères en jeunesse lorsque le millésime est froid.
Cette zone constitue sans doute l'un des endroits les plus septentrionnaux où le chardonnay peut s'épanouir en donnant des crus de haute qualité. Forest ou Forêts - qui a légalement le droit de s'appeler Montmains - mesure seul près de 21 hectares mais seule une petite partie de ses producteurs revendique ce nom, il en est de même pour Butteaux, plus rare encore. De petites parties des Chablis "Villages" Vaux Miolot, Vaugerlains et Ecueillis ont droit légalement de devenir Montmains, ce sont des zones à sols comparables.
Le vin le plus "éclatant" et célèbre du secteur est sans doute celui du domaine Dauvissat qui sur plus de 4 hectares de Forest s'est fait une très large - et méritée - réputation avec le nom de ce cru. Mais vous en trouverez aussi d'excellents "specimen" chez Raveneau ou Moreau-Naudin. Les vins ont un caractère notable de silex frotté et de mousseron d'automne et se livrent assez aisément en jeunesse. Montmains est le plus accessible, Forest est plus droit et salin et Butteaux un peu plus frais est aussi parfois un rien austère. Mais évidemment la patte du vinificateur donne aussi une belle singularité aux vins, et je n'évoque ici que les traits principaux. J'apprécie ce cru intense et plein pour sa forme très typique qui en fait un Chablis très reconnaissable, le chardonnay du Nord dans toute sa pureté.
Patrick Essa MAJ le 12/10/2014
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