Fixin - Le Clos de la Perrière

Publié le par Patrick Essa

  Lors de la dégustation des Fixin 2008 organisée pour "degustateurs.com" par le syndicat de l'appellation, il est une bouteille qui a dominé de toute sa classe l'ensemble des vins présents...ce fut le Clos de la Perrière. Un vin qui n'avait pas encore été mis en bouteille, un peu brut, un peu sauvage, mais sans aucun doute un très grand vin de la Côte de Nuits. Je me permets de rappeler au lecteur que je sais quelle portée peuvent avoir ces mots écrits ici et plus encore lorsque j'évoque ce vin qui a été si controversé sur le net ces dernières années.

La nouvelle étiquette

  Je dois à Bénigne Joliet des explications et sans aucun doute des excuses pour avoir parfois douté de sa stratégie commerciale lorsqu'il décida par exemple de tripler les prix "particuliers" de son vin un beau matin de 2006. Je fus alors un peu trop sévère dans mon absence de distanciation en lui signifiant que je ne comprenais pas son comportement car dans mon esprit le vin ne pouvait, ne devait et ne saurait un jour être l'égal d'un Chambertin. J'avais tort.

  La famille Joliet qui possède ce Clos depuis le milieu du 19°siècle sait qu'il se vendait au prix du grand cru de Gevrey lorsque le baron de Montmort en était - déjà - l'unique propriétaire. Elle sait aussi que son terroir est unique car il constitue le plus septentrionnal des crus d'élite de la Côte de Nuits. Hors, la côte de Nuits est marquée du sceau de cette fameuse limite nord de culture du pinot noirien et c'est elle, en compagnie de la géologie de terroirs marquée par l'anticlinal de Gevrey qui confère haute qualité et race aux climats qu'elle porte. Le Clos de la Perrière est en somme l'extrème qualitatif potentiel de la Côte d'Or. C'est un fait incontestable. Je vous renvoie à ce titre au merveilleux article écrit par le sage de Saulon en 2006. Tout y est consigné avec minutie et pertinence et je n'ai pas une ligne à ajouter.

   Le fait que Fixin et cette Côte qui part de Brochon et longe le fameux Clos fasse partie de mon quotidien depuis près de vingt années doit avoir un impact sentimental sur ce vin que sans doute plus que tout autre je vois naître chaque année. Du dénuement de ses branches taillées au déploiement de ses rameaux encore non ébourgeonnés. Mais n'allez croire que je me laisse aller à badiner avec la rigueur de mon évaluation, au contraire, je ne sais que trop avoir été "dur" pour ces raisons mêmes...

  Ce Fixin Clos de La Perrière 2008 m'a véritablement enthousiasmé et je félicite ici Bénigne pour son opiniatreté à faire naître un vin que contre vents et marées il s'obstine à élever selon le cycle que l'année impulse. C'est l'un des très rares - peut-être le seul- du millésime à ne pas être encore sous verre et j'avoue que lorsque Bénigne me l'a servi, j'étais circonspect et très concentré. Mais dès la couleur - rubis éclatante et encore un rien trouble en raison de sa "position" en fûts - l'affaire était entendue. Le cru était largement au niveau!

   J'ai dégusté plusieurs milliers de 2008 depuis la naissance du millésime et ce vin est sans doute le plus abouti qu'il m'ait été donné de boire dans cette année que j'avoue ne pas particulièrement apprécier en Côte de Nuits. Un vin poli, complexe, raffiné et infiniment racé qui ne cède à aucun terroir plus huppé que lui, tant sur le plan de la densité que de la qualité de la matière. Une vinification très peu interventionniste, des bois de qualité, une culture sage et avant tout un homme simple et convaincu que CE terroir est unique. Le potentiel Hors classe de cette bouteille naissante est évident et si je puis me permettre les amis, au prix où on vous le propose, n'hésitez pas une seconde car ce Clos de la Perrière là est un futur vin de légende.

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