Un grand cru oublié: Les Vaucrains de Nuits Saint Georges

Publié le par Patrick Essa

Les Vaucrains, premier cru de Nuits Saint Georges

 Ecrit par Patrick Essa, vigneron à Meursault  - 2014 

 

   Sur une pente assez abrupte allant jusqu'à 15% le petit premier cru de Vaucrains porte des pinots noiriens d'une rare puissance. Cette terre anciennement méprisée pour son infertilité - Vaucrains = Vaut rin = vaut rien - à pourtant toujours été plantée depuis le haut moyen âge et semble n'avoir jamais pâti de son nom quelque peu méprisant. Au contraire le cru à toujours été considéré comme l'alter ego du Saint Georges voisin et régulièrement positionné au sommet du niveau hiérarchique communal.

 

   Courtépée, Lavalle, Danguy et Aubertin, ces grands et passionnants auteurs du 19 ieme siècle le classent tous en première cuvée de finage et il est avéré que la cuvée était régulièrement isolée pour produire un vin de cru singulier. Ce vin austère et rude est pourtant fort éloigné des canons actuels que l'on associe aux vins du nuiton. Sans la douceur de texture des meilleurs et leur bouquet spirituel de griotte et d'églantine, sans leur fard boisé où les effluves de vanilline de chêne qui pointent discrètement, sans cette douceur tactile enveloppante qui éblouit si aisément, Vaucrains est vin tellurique, sombre et profond qui requière patience et méditation et qui par dessus tout doit être bu à table après une bénéfique maturation de sept années au moins.

 

Nuits_Saint_Georges.jpg

 

  À ma connaissance ses producteurs - souvent de haut niveau - ne cherchent pas à le rendre attractif dès sa jeunesse et respectent avec une belle unité l'harmonie historique du cru dont la permanence ainsi atteinte renvoie aux origines de l'expression "terrorisante" des vins du Nuiton. Boire un Vaucrains s'est un peu s'imprégner de l'esprit de cette petite Côte discrète et longtemps repliée sur elle même qui produit des vins personnels sans se soucier véritablement des évolutions qui bouillonnent autour d'elles.

 

  Le cru n'a pas varié d'un mètre carré depuis un millénaire car le bas de Vallerots qui en fait aujourd'hui partie lui a toujours été intégré, son caractère gustatif est ancré dans les mémoires et il ne saurait y avoir un Vaucrains gourmand et fluide sur des tanins polis au micron. Ce vin est un peu brutal et carré ou n'est pas! Les argiles rouges de sont sol riche et collant sont pour une large part dans son expression de cru dominateur que d'aucuns auraient imaginés positionner comme"grand". Je leur donne raison car ce triangle de terre surplombant Cailles et Saint Georges à la tenue temporelle des meilleurs climats de la Côte d'Or et en déguster un de plus de trente ans est toujours source de ravissement.

 

  Vaucrains mesure un peu plus de 6.2 hectares et je vous recommande ceux des domaines Chicotot, d'une rare puissance contenue, et bien entendu les classiques d'Alain Michelot, Robert Chevillon et Gouges. Mais je crois qu'aucun d'eux ne sauraient vous décevoir si vous vous montrez disposés à les encaver au préalable une bonne dizaine d'années.

 

Patrick Essa - 2014

citations et reproductions interdites sans autorisation de l'auteur

Cartes: Pitiot, Servant 

 

 

 

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Publié dans Côte de Nuits

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S
<br /> Bonjour Patrick<br /> <br /> <br /> j ai lu avec le plus grand intérêt votre article, je possède quelques bouteilles de Vaucrains 2007 de chez Alain Michelot, domaine que vous citez, et effectivement l ouverture d une bouteille<br /> récemment me confirme bien la difficulté de boire ce type de vin en ce moment, celui s étant avéré presque atone !<br /> <br /> <br /> Votre article me rassure en même temps, car je me posais la question, depuis, sur la "crainte" d avoir acheté un vin pas très reussi <br /> <br /> <br /> J en profite pour vous dire que vos textes sont profitable, j en suis certain, a tout ceux qui s intéressent aux vins de Bourgogne et a tout ce qui l<br /> entoure <br /> <br /> <br /> Bonne fête a vous<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />  <br />
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B
<br /> Bonjour,<br /> <br /> <br /> Merci pour ce texte. J'avais gardé une quinzaine d'années les Vaucrains de Georges Chicotot de l'année 1987, une année froide. Les vins très concentrées et rugueux au départ se sont<br /> considérablement assouplis à la fin sans perdre de leur énergie. <br />
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