Clos de Tart 1990 Maison Mommessin

Publié le par Patrick Essa

  Vinifié depuis le millésime 1996 par Sylvain Pitiot, le Clos de Tart a connu une forte évolution au niveau de son expression depuis cette date. Naguère marqué par une extrême finesse, un élevage très discret et des arômes quelque peu évanescents, centrés sur les fruits rouges et des accents floraux racés, il s'exprime aujourd'hui sur la force de cuvaisons plus longues, d'élevages généreusement boisés et de matières plus serrées. Ce changement de cap est sans doute pour beaucoup dans sa reconnaissance internationale actuelle car le grand cru se montre désormais aussi concentré que les plus grands vins bourguignons tout en gardant sa finesse incomparable liée à un terroir hors du commun et classé comme tel sans la moindre variation depuis toujours.

 

  Ce terroir situé sur le finage de Morey Saint Denis représente pour beaucoup le lieu ultime de l'expression du pinot noir en Côte de Nuits. Mélange de la finesse cambuléenne et de la puissance gibriaçoise, il possède la sève du Chambertin, les notes épicées du Clos de la Roche et cette formidable puissance interne que l'on trouve en Bonnes Mares dans la partie qui précisément se situe sur Morey. On sait d'ailleurs assez peu en général qu'il subsiste environ 30 ares de Bonnes Mares classées dans le Clos et que celles-ci sont élevées à part depuis quelques années par un célèbre éleveur, amateur de bois neuf.

  Le cru est situé sur un coteau pentu en son exacte partie centrale, bordé au sud par les Bonnes Mares et au nord par le Clos des lambrays qui monte plus haut sur la pente et regarde légèrement le nord-est. D'une contenance de 7 hectares 53 ares, monopole de la maison Mommessin, il possède une grande homogénéité au niveau de son exposition et est "avantagé" par une plantation des ceps dans le sens nord-sud, soit en fait légèrement en dévers, ce qui vous pouvez me croire n'avantage pas le tractoriste, mais en revanche confère une maturation des plus uniformes aux baies. Son sous sol date de la période bajocienne du Jurassique, il est composé de terres brunes mêlées de petits cailloux draînants et ressuie très vite. Quelques affleurements de roches le marque par endroits et -de manière très originale- il est traversé par une veine calcaire qui part des Bonnes Mares situées au dessus de la carrière Ponnelle. Il puise de ce substrat  une merveilleuse finesse de constitution potentielle  et semble n'avoir aucun équivalent à ce niveau en dehors des Bonnes Mares qui vont jusqu'à lui à partir de la vigne du domaine Robert Groffier. Légèrement moins incliné vers le levant dans la partie basse et situé à cet endroit sur des terres plus argileuses qui lui donnent une très légère rusticité et des accents épicés très caractéristiques, il est vinifié selon 5 à 7 lots différents, disposant de spécificités particulières, puis unifié au moment de la mise en bouteille.

   Ce 1990 a été dégusté au milieu d'une formidable série de Côte de Nuits et en parallèle avec le 2002 du domaine. Le style est celui des vins classiques de la Côte de Nuits produits à cette époque. Une couleur rubis, assez légère qui commence à se parer de reflets orangés et qui possède une turbidité assez élevée. la bouteille est par ailleurs marquée par un dépot de tanins assez éloquent. Les effluves de cerise griotte, de cacao amer et de fleurs fanées forment un profil olfactif racé et insinuant qui ne fait que se complexifier à l'aération. On perçoit une vraie délicatesse dans ce vin evanescent à la trame légère et aérienne qui joue sur le registre de la subtilité beaucoup plus que sur celui de la puissance.Arômes de réglisse, de framboise et de chocolat avec un touché de bouche un rien "sucreux". J'aime sa fraîcheur et son équilibre frais qui lui confère encore une vraie énergie en finale. Un joli vin qui dans ce millésime très qualitatif pourrait se montrer toutefois un peu plus concentré. Bien +.

style classique

Publié dans Côte de Nuits

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