la Quatrième dimension

Publié le par Le Blog de Patrick Essa

        Olivier Bertrand, est journaliste à Libération, passionné de vins et auteur d'une excellent article sur le réchauffement climatique et son influence sur les crus. En compagnie d'amis il est venu au domaine déguster les 2008 et 2009 puis nous avons mangé ensemble chez Jean-Pierre Charlot. Au cours de ce repas gourmand nous avons largement devisé de ces variations climatiques cycliques et de leurs implications sur les équilibres des vins. De manière naturelle Franck Grux avait apporté les "témoins" de ses dernières vinifications comme possibles "points d'appuis" à nos débats.

  Ainsi quatre millésimes de Puligny-Montrachet Les Pucelles furent dégustés à la suite après une introduction appéritive au Champagne et au Meursault-Charmes 2007: un 2006 mûr et très légèrement lactique, un 2005 "parfait" et pour tout dire impresssionnant de race, un 2004 tendu et un peu trop salin et un 2003 étonnant de fraîcheur et de concentration en dépit de sa basse acidité. La petite parcelle exploitée en fermage par la Maison Leflaive est tout contre les Bienvenue Bâtard Montrachet dans une zone faiblement inclinée vers le levant et riche en argiles. Elle mûrit toujours précocément et dispose d'un caractère opulent contrebalancé par une éblouissante finesse. A ce titre elle s'approche nettement du Charmes murisaltien qui lui ressemblait d'ailleurs un peu. Difficile de tirer des conclusions nettes et de livrer avec acuité des raisonnement avérés, mais une chose nous est apparue certaine - enfin en tout cas à moi! - l'acidité n'est pas ce qui apporte l'équilibre frais à un vin, elle ne doit en aucun cas être la seule valeur qui guide le vigneron dans ses options de vinifications car à elle seule elle ne peut "tendre" une matière où la rendre plus minérale. Je reviendrai d'ailleurs assez vite dans un "post" sur cet aspect des vins blancs de la Côte.

  Cependant sans fraîcheur un blanc n'est rien et celle ci vient de sa concentration, de sa minéralisation - on lira bien minéralisation, là aussi j'y reviendrai - et de son équilibre entre acidité totale, sucre potentiel, alcool acquis et teneur en gaz carbonique. Combien ce 2005 nous a d'ailleurs enthousiasmé par ses arômes discrets, la fine race de ses effluves et sa richesse de texture inouïe. 2005 année idéale...nous le savions cela dit!

  Les rouges plus anciens faisaient parties d'un cycle temporel plus vaste et de 1992 à 1947 en passant par 1985 et 1964, ils prouvèrent que les magnums vieillissent incomparablement mieux que les bouteilles en augmentant sensiblement l'effet fraîcheur des vins. Cela peu à voir avec la climatologie des millésimes, mais tout de même, cela nous est apparu évident en considérant lette "tranche" temporelle de 60 années. A ce titre le chaleureux 1947, produit sans contrôle des températures par des chaleurs avosinant les 40° à l'ombre la journée nous a littéralement scotché par son intensité aromatique et la jouvence quasi éternelle de sa trame tannique, douce et si dense en même temps. Ceux qui ont enterrés les 2003 dès leur récolte, devraient taster ces flacons là pour mieux comprendre et fuire l'immédiateté et la faiblesse des impressions premières nées de déductions purement intélectuelles référées à des chiffres.

  Nous sommes bien faibles face aux courbes de tous horizons, qui mêlent température, valeurs oenologiques et appréciations organoleptiques, le vin est dans une autre dimension...serait ce la quatrième?! Il faudrait demander à Saint - David - Vincent!!

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